Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fanette joue à la poupée
14 novembre 2010

la vie et la mort

Le 24 Août 1977, je découvrais le monde et la vie. Ma mère avait 36 ans, mon père 42 et mon grand père paternel Stéfan était à l'hopital, très malade. Arrivé garçon, je me serais appelé Stéphane aussi, mais c'est une petite fille qui a sorti la tête. Aurore : le prénom qu'avait choisi maman. Pourtant, la maladie de mon grand-père a été décisive et je me suis appelée Stéphanie Aurore. Grand-père Stéfan a eu une semaine pour profiter de cette nouvelle avant de nous quitter à jamais.
Longtemps, ma naissance permettait à ma famille  de se rappeler à quelle date il était mort : "une semaine après ta naissance" est une phrase qui revenait sans cesse. Une sorte de malédiction.

Le 8 Juin 2007, Elisabeth découvrait le monde et la vie. Pendant toute ma grossesse, je me disais qu'un malheur allait arriver, que son grand-père, mon père, allait disparaitre lui aussi. Mais cette crainte s'est envolée pendant plus d'un an. Malheureusement, l'été d'après, le cancer l'a attrapé. Un cancer du poumon avec des métastases au cerveau. 1 an et demi à se battre, et le cancer avait disparu. Une rémission inespérée pour ce cancer si meurtrier. Et une petite fille heureuse de tout ce temps partagé avec sa Mamone et son Papi.

Le 1er juin 2010, Nathanaël découvrait à son tour le monde et la vie. Le mardi 8 juin, il rencontrait son Papi pour la première fois. Une journée de bonheur ensemble, dans la maison douillette de leurs Grands-Parents, pour fêter les 3 ans d'Elisabeth en Famille. Les premiers calins entre un Papi et son Petit-Fils. Nous devions y retourner le dimanche, tous ensemble.

Le vendredi, une mauvaise chute, un fémur cassé et le début de mois d'hospitalisation. Le cancer est revenu. Les infections ne l'ont plus quittées. Chimiothérapies, antibiotiques, et hôpitaux se sont enchainés. A chaque fois, il s'en relevait et arrivait à vaincre la maladie. Mais il y a 2 semaine, une évidence : la maladie le rattrapait toujours, à chaque fois plus forte, et ces traitements ne faisaient que le faire souffrir un peu plus et plus longtemps. Il y a 2 semaines, une décision : arrêter l'acharnement et l'accompagner le mieux possible jusqu'au bout.

Heureusement, notre médecin a été là, depuis le début pour nous aider et faire le lien avec le reste de l'équipe médicale qu'il est impossible de contacter. Et grâce à lui, Papa a été accepté en 2 jours à la Maison ND du Lac. Une décision déchirante. Accepter qu'il n'y a plus rien à faire pour le sauver, mais aussi accepter ce lieu qui soulagera sa souffrance physique et morale si elle ne peut vaincre la maladie.

Depuis plusieurs semaines, Papa n'a plus la force de se lever, s'assoir, se retourner dans son lit, manger seul et même respirer. La moitié de son visage est paralysée. Comme un bébé, il se nourrit de bouillis. Il s'hydrate grâce à une perfusion et de l'eau gélifiée. Lui qui était si protecteur accepte la cuillère que maman ou moi portons à sa bouche pour le nourrir. Le pire pour moi reste de le voir s'étouffer quand il n'a plus la force de tousser.

Mais depuis une semaine, le personnel de ND du Lac a enfin atténué ses souffrances. Ses souffrances physiques en le mettant dans la position la plus confortable pour lui, en essayant de supprimer ses douleurs sans râler ou dire que "c'est comme ça !"... Ses souffrances morales en prenant le temps de passer le voir, prenant le temps de l'aider à manger... et toujours avec douceur et le sourire...

Depuis une semaine, Papa a vu 2 fois ses petits enfants alors que nous ne pouvions les emmener lui rendre visite à l'hôpital. La maison est un lieu de vie. Quand il est fatigué par ce trop plein de vie, des salles avec tables et fauteuils et un jardin nous accueillent. Je ne sais qui de Papa ou Lizzie était le plus heureux de cette visite, mais tout à coup, la vie reprend le dessus. Avant hier, je croyais ne plus jamais le revoir. Avant hier, il ne s'est pas réveillé une seule fois pendant ma visite, ni même pour manger. Hier, il n'arrêtait plus de demander à manger et jouait à faire des clins d'œil à ses petits enfants qui éclataient de rire. Je ne sais combien de temps vont durer ces moments de répits. Chaque jour est un jour de plus avec lui. Chaque jour je me prépare à recevoir une mauvaise nouvelle. Et pourtant, chaque jour, je garde le sourire pour ces 2 P'tits Bouts qui ne demandent qu'à vivre.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Je suis très émue de te lire...
Répondre
M
c'est des moments pas facile du tout que tu vie la ! ton récit me fait monter les larmes je souhaite a toi et ta famille plein de courage pour vivre ses moments difficile<br /> plein plein de bizzz
Répondre
S
oh ... ton récit est poignant et restera à jamais un témoignage d'amour d'une fille envers son papa ... tu es courageuse et pas que toi ... je pense à toi , à vous , garde le sourire pour tes 2 petits bouts ... bisettes du sud
Répondre
Publicité
Newsletter
Fanette joue à la poupée
Archives
Visiteurs
Depuis la création 27 507
Publicité